Le cinquantenaire des
relations diplomatiques de la France avec la Chine populaire remplit la presse
française de diatribes effarouchées. « Gare à ne pas perpétuer le mythe d’une relation
privilégiée », suggère Mme Mengin.
Rassurez-vous, personne ne perpétue ! Depuis Nicolas Sarkozy accueillant
en grande pompe le Dalaï Lama, jusqu’à la bourde de François Hollande qui a un
instant confondu Japonais et Chinois, en passant par la flamme olympique
éteinte par des manifestants à Paris, la France fait tout, ces dernières années,
pour effacer l’impression qu’elle cherche à se rapprocher de la Chine.
« Audace
visionnaire » du Général de Gaulle ? Il a eu des visions plus
audacieuses que celle-ci : pour une fois il s’est contenté, bien
tardivement, de se rendre à l’évidence. Depuis 15 ans le siège de la Chine à
l’ONU était tenu par Taïwan, une île de 10 millions d’habitants, tandis que la
Chine continentale n’était pas représentée ! Reconnaître comme tel le pays
le plus peuplé du monde, qui allait accéder quelques mois plus tard à l’arme
atomique, qui avait joué un rôle central dans le mouvement des non-alignés à
Bandoeng en 1955, dont l’idéologie maoïste subjuguait l’intelligentsia
française, c’était un peu reconnaître l’inévitable.
Il ne faudrait pas
qu’aujourd’hui la France s’enferme dans un anti-gaullisme suicidaire.
L’audace
visionnaire, aujourd’hui, c’est accepter l’évidence que la Chine sera la grande
puissance du XXIème siècle, et en tirer les conséquences. Il serait dommage de
perdre, par aveuglement atlantiste, notre excellent potentiel de partenariat
avec ce pays. Contrairement à nos dirigeants, les Chinois se rappellent du
Général, de notre tradition de bonnes relations avec les pays du Tiers-monde,
de notre souveraineté nationale autrefois sourcilleuse. Contre toute attente,
malgré les imprudences et les maladresses de nos présidents, la Chine continue
de miser sur la France. Au-delà des vins millésimés et des sacs estampillés, le
peuple chinois apprécie la culture française, voit dans la France un modèle à
suivre. Démocratie, droits de l’homme, technologies : c’est vrai que nous
avons beaucoup de leçons à partager.
Mais réciproquement,
notre pays qui se débat dans la stagnation économique et le doute existentiel a
des leçons à prendre en Chine. Je suis toujours surpris de ce paradoxe :
l’intelligentsia française qui adorait Mao voue aux gémonies la Chine
d’aujourd’hui. N’est-il pas évident que sur le plan des droits de l’homme quelques progrès ont été faits ? Ne peut-on pas espérer que d’autres progrès
suivront ? Sur le plan économique, la Chine remonte spectaculairement la
pente que nous descendons ; plutôt que de la conspuer, on ferait bien
d’étudier ses recettes : création d’emplois, politique monétaire
rigoureuse, rôle de l’Etat dans l’économie, que sais-je ?
L’Allemagne, notre
modèle qui pourtant nous effraie toujours, a assis sa croissance sur un
partenariat économique avec la Chine. Saisissons la chance qui se présente avec
ces festivités du cinquantenaire pour relancer un peu le partenariat
stratégique entre nos pays, qui se limite pour l’instant à de bien maigres
échanges culturels. La Chine, seconde économie mondiale, n’occupe que le 12ème
rang des investissements français à l’étranger. Vous parlez d’une relation
privilégiée !
Un peu d’audace
visionnaire, que diable ! Echanges d’étudiants, joint-ventures, transferts
de technologie, coproductions cinématographiques, énergies renouvelables :
tout cela était déjà écrit et prévu dans le texte du partenariat stratégique signé
en 2010. Au travail !
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