jeudi 6 février 2014

Le parc Staline





Dernière étape du voyage que vous propose Lee le sinologue de terrain : du Sud le plus torride au Nord le plus glacial, la Chine d'aujourd'hui et de demain : Harbin (哈尔滨).


 
Vraiment une grande et belle rivière, cette Songhua ! Je vous dis rivière, mais ce n’est pas sans un pincement au cœur : c’est géographiquement parlant une rivière, puisqu’elle se jette dans un autre cours d’eau et non dans la mer. Mais n’allez pas vous imaginer un ruisseau ! Ici, en Sibérie, les rivières sont immenses & majestueuses. Comme l’Irtych ou l’Angara, la Songhua est bien une rivière, mais qui représente l’équivalent en débit de tous nos fleuves additionnés. Pas étonnant : elle draine sur une distance de 1900 km un bassin grand comme la France, avant de se jeter dans l’Amour qui matérialise la frontière avec la Russie. L’hiver, la surface gèle sur une épaisseur d’un mètre et la rivière se couvre de promeneurs qui traversent pour aller visiter les îles Taiyang (太阳岛) qui constituent à la fois le centre, le poumon, la zone verte, et le parc des expositions de la ville. Justement l’île où l’on visite le fameux parc des sculptures de glace qui s’étend sur des centaines d’hectares. Sur la rive de l’île, une sorte de carrière géante : c’est là que l’on découpe les blocs de glace qui vont servir à construire, chaque année, les magnifiques édifices et les sculptures illuminées du parc.

Le Festival de la Neige et de la Glace (雪冰节) : ça rappelle un peu le parc des monuments à Shenzhen, puisque les édifices s’inspirent des chefs-d’œuvre mondiaux, mais l’interprétation est quand même beaucoup plus libre. Il faut dire que les propriétés de la glace ne sont pas forcément les mêmes que celles du marbre ou du béton... Et puis il faut faire place aux sponsors : on trouve une énorme bouteille de Harbin Beer, une autre d’Ergoutou, et puis une sculpture géante en neige à l’effigie des héros de l’Age de glace, le dessin animé de (Pixar ? Disney ?) Je craignais que la visite se termine avec engelures et doigts gangrenés, mais en fait non. D’une part il ne faisait pas si froid que ça, d’autre part le parc est parsemé de petits cafés vitrés et chauffés où l’on peut se poser un instant pour boire un thé et reprendre quelques couleurs.



Vestige de la période russe : l’architecture stalinienne. Le centre-ville est couvert de bâtiments en brique au style distinctement russe ; les quelques rues piétonnes autour de la rue Centrale (中央大街, appelée ‘rue chinoise’ à l’époque russe) rappellent clairement le style de la rue de l’Arbat à Moscou, ce qui justifie le surnom de la ville. Et le nom de notre hôtel : Hôtel de l’Amitié. Référence à l’indéfectible amitié qui lia la Chine à son grand frère russe (d’ailleurs l’énorme ambassade chinoise à Moscou est elle aussi sise sur la rue de l’Amitié) dans les années Staline. On a ici un souvenir ému du « Petit père des peuples » : Harbin est probablement la seule ville au monde où le PPP dispose d’un parc à son nom. Le parc Staline (斯大林街) est une magnifique promenade pleine d’arbres, qui surplombe la rivière et offre une vue imprenable sur les îles. Sur la rive, quelques attractions s’offrent aux touristes, notamment un centre d’entraînement au pilotage de chars, avec des petits tanks diesel que l’on peut faire évoluer dans un labyrinthe de murs de glace, et des balades en hydroglisseur (qu’on peut piloter soi-même moyennant un supplément).

Le Parc Staline comprend une petite maison de style européen bourrée d’antiquités russes, de portraits et de photos, qui vient d’être transformé en restaurant classe par notre ami Xiabing qui se jette sur nous dès notre arrivée. Affable & prévenant, Xiabing nous propose, pour notre dernière soirée avant le retour à Pékin, un menu « découverte » que nous nous empressons d’accepter.


Le menu découverte de Xiabing : la cuisine de Harbin diffère sensiblement de celle de Hailar. L’influence russe, peut-être, ou alors l’omniprésence de la Songhua ? C’est un menu poisson que l’on nous propose, avec un poisson de rivière grillé et délicieusement caramélisé (je serais bien en peine de vous dire de quel modèle il s’agit, peut-être est-ce une espèce locale ?), puis un poisson de mer plat en forme de losange, cuit à la vapeur et délicatement assaisonné. Plus une tripotée de petits plats façon zakouski histoire de ne pas nous renvoyer dans le froid le ventre vide.

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