Suite
des merveilleux voyages de Lee le sinologue aux semelles de vent !
Cette fois ce sont des notes qui datent de l'année dernière : voyage au
Yunnan (云南), le Sud-Ouest montagneux & mystérieux, le pays des confins !
Je profite du trajet en avion (destination Kunming (昆明), capitale du Yunnan) pour vous résumer mes notes. Je vous racontais l’histoire de Joseph Rock, l’excentrique
explorateur de National Geographic, Lee-Yunlong-le-sinologue-de-terrain avant l’heure… Joseph est venu ici sous
prétexte de recenser l’incroyable richesse botanique du cru (on dit que la province
regroupe autant d’espèces végétales que le reste de l’hémisphère nord). Ce
faisant, il a étudié et appris à maîtriser quelques dialectes locaux. Il a
aussi observé les traditions et étudié les langues des ethnies locales. Je le
soupçonne d’être resté par attachement, non pas aux peuplades qu’il côtoyait
(rares les Occidentaux de l’époque qui parvenaient à dépasser un intérêt zoologique pour les indigènes), mais à
son statut de curiosité locale, à son rôle auto-proclamé de démonstrateur du mode de vie européen.
C’est vrai que la région grouille littéralement de centres d’intérêt. Vous êtes sportif, historien, gastronome, sociologue, sinologue, dialectologue, menuisier, dessinateur, historien, biologiste, architecte, médecin ? Il est de votre devoir de venir constater ici l’apport inestimable du Yunnan à votre discipline.
C’est vrai que la région grouille littéralement de centres d’intérêt. Vous êtes sportif, historien, gastronome, sociologue, sinologue, dialectologue, menuisier, dessinateur, historien, biologiste, architecte, médecin ? Il est de votre devoir de venir constater ici l’apport inestimable du Yunnan à votre discipline.
Moi qui
ne suis rien de tout cela, j’hésite. Journaliste de vocation, j’effleure la
surface de tous ces domaines, ouvrant peut-être les yeux d’un certain public,
et provoquant peut-être le sourire de certains spécialistes.
Par où commencer ?
Par où commencer ?
Commençons
par le fameux & rébarbatif topo
d’histoire-géo.
Kunming, KMG, quatrième aéroport de Chine |
Je vous
disais que la Chine regorge de ressources historio-géographiques. Le Yunnan forme
l’extrémité sud-ouest de la Chine, un territoire montagneux qui fait deux tiers
du territoire français, pour une population de 45 millions d’habitants (on
croit toujours la Chine surpeuplée : en fait sa densité moyenne est
similaire à celle qu’on trouve en France, 130 hab/km². Simplement 80% de la population
se concentre dans les grandes et moins grandes villes de la côte Est. L’Ouest
est largement désertique. Le Yunnan est dans la moyenne nationale). Le Yunnan, 云南, « le Sud
des nuages », c’est le lointain domestiqué. La grande province (on est à
3200 km de Pékin quand même), depuis longtemps dans l’orbite de la Chine, mais
en tant que royaume séparé, déchiré depuis mille ans par les rivalités entre
Chinois, Mongols et Tibétains pour le contrôle de la région et de ses
merveilles. Sans compter les tentatives étrangères, qui n’ont pas vraiment
aboutit : les Anglais qui tenaient le Tibet, aride et glacé, rêvaient d’y
ajouter le Yunnan. Les Français, qui s’étaient établis en Indochine, ont tenté,
en construisant la ligne de chemin de fer Hanoï-Kunming, de prendre l’ascendant
sur la préfecture du Yunnan-Fou (nom donné à Kunming par les Français à
l’époque : maladresse de traduction ; Kunming, 昆明 signifie en fait
« brillants descendants »).
Ce qui
fait la fierté légitime du pays, c’est son climat unique. Le sud, qui effleure
le tropique du Cancer, devrait normalement être torride, mais l’altitude fait
que finalement, il n’en est rien. Pareil en hiver : Kunming qui se trouve
à 1900 m au-dessus du niveau de la mer profite d’un climat tempéré en permanence.
C’est pour cela qu’on l’appelle « la ville de l’éternel printemps ».
Et effectivement, en ce mois d’avril, c’est la ville du double printemps :
on transpire dès qu’on se trouve au soleil ; mais une petite laine est la
bienvenue dès qu’on se retrouve à l’ombre. Comme dit le proverbe
yunnanais : « le fond de l’air est frais ».
Climat
paradisiaque, et terre particulièrement fertile. Une curieuse terre rouge,
couleur brique, d’où jaillissent partout des bananiers, des palmiers, des
arbres fruitiers etc. C’est le pays de la petite culture vivrière avec des
petites exploitations d’un ou deux hectares en moyenne (le terrain accidenté ne
se prête pas aux immenses haciendas mécanisées). On voit souvent des paysans
fignoler amoureusement les petits carrés de fruits ou de légumes, à moins qu’il
ne s’agisse d’un carré de rizière.
C’est aussi et enfin le pays du thé. Malheureusement ce petit voyage est trop bref pour aller flâner dans tous les recoins, mais qui dit thé dit Yunnan. C’est de la région de Pu’er que vient le fameux pu’er éponyme, le plus cher et le plus recherché, qui se vend en lourdes galettes séchées-pressées enveloppées d’un papier-cigarette. Plus au sud, on trouve aussi les seules plantations de café de Chine.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire