dimanche 16 février 2014

Sur la route de Shangri-La : le rébarbatif topo d'histoire-géo



Suite des merveilleux voyages de Lee le sinologue aux semelles de vent ! Cette fois ce sont des notes qui datent de l'année dernière : voyage au Yunnan (云南), le Sud-Ouest montagneux & mystérieux, le pays des confins !

Je profite du trajet en avion (destination Kunming (昆明), capitale du Yunnan) pour vous résumer mes notes. Je vous racontais l’histoire de Joseph Rock, l’excentrique explorateur de National Geographic, Lee-Yunlong-le-sinologue-de-terrain avant l’heure… Joseph est venu ici sous prétexte de recenser l’incroyable richesse botanique du cru (on dit que la province regroupe autant d’espèces végétales que le reste de l’hémisphère nord). Ce faisant, il a étudié et appris à maîtriser quelques dialectes locaux. Il a aussi observé les traditions et étudié les langues des ethnies locales. Je le soupçonne d’être resté par attachement, non pas aux peuplades qu’il côtoyait (rares les Occidentaux de l’époque qui parvenaient à dépasser un intérêt zoologique pour les indigènes), mais à son statut de curiosité locale, à son rôle auto-proclamé de démonstrateur du mode de vie européen. 

C’est vrai que la région grouille littéralement de centres d’intérêt. Vous êtes sportif, historien, gastronome, sociologue, sinologue, dialectologue, menuisier, dessinateur, historien, biologiste, architecte, médecin ? Il est de votre devoir de venir constater ici l’apport inestimable du Yunnan à votre discipline.
 
Moi qui ne suis rien de tout cela, j’hésite. Journaliste de vocation, j’effleure la surface de tous ces domaines, ouvrant peut-être les yeux d’un certain public, et provoquant peut-être le sourire de certains spécialistes.

Par où commencer ?

Commençons par le fameux & rébarbatif topo d’histoire-géo.



Kunming, KMG, quatrième aéroport de Chine
Je vous disais que la Chine regorge de ressources historio-géographiques. Le Yunnan forme l’extrémité sud-ouest de la Chine, un territoire montagneux qui fait deux tiers du territoire français, pour une population de 45 millions d’habitants (on croit toujours la Chine surpeuplée : en fait sa densité moyenne est similaire à celle qu’on trouve en France, 130 hab/km². Simplement 80% de la population se concentre dans les grandes et moins grandes villes de la côte Est. L’Ouest est largement désertique. Le Yunnan est dans la moyenne nationale). Le Yunnan, 云南, « le Sud des nuages », c’est le lointain domestiqué. La grande province (on est à 3200 km de Pékin quand même), depuis longtemps dans l’orbite de la Chine, mais en tant que royaume séparé, déchiré depuis mille ans par les rivalités entre Chinois, Mongols et Tibétains pour le contrôle de la région et de ses merveilles. Sans compter les tentatives étrangères, qui n’ont pas vraiment aboutit : les Anglais qui tenaient le Tibet, aride et glacé, rêvaient d’y ajouter le Yunnan. Les Français, qui s’étaient établis en Indochine, ont tenté, en construisant la ligne de chemin de fer Hanoï-Kunming, de prendre l’ascendant sur la préfecture du Yunnan-Fou (nom donné à Kunming par les Français à l’époque : maladresse de traduction ; Kunming, 昆明 signifie en fait « brillants descendants »). 

Ce qui fait la fierté légitime du pays, c’est son climat unique. Le sud, qui effleure le tropique du Cancer, devrait normalement être torride, mais l’altitude fait que finalement, il n’en est rien. Pareil en hiver : Kunming qui se trouve à 1900 m au-dessus du niveau de la mer profite d’un climat tempéré en permanence. C’est pour cela qu’on l’appelle « la ville de l’éternel printemps ». Et effectivement, en ce mois d’avril, c’est la ville du double printemps : on transpire dès qu’on se trouve au soleil ; mais une petite laine est la bienvenue dès qu’on se retrouve à l’ombre. Comme dit le proverbe yunnanais : « le fond de l’air est frais ».

Climat paradisiaque, et terre particulièrement fertile. Une curieuse terre rouge, couleur brique, d’où jaillissent partout des bananiers, des palmiers, des arbres fruitiers etc. C’est le pays de la petite culture vivrière avec des petites exploitations d’un ou deux hectares en moyenne (le terrain accidenté ne se prête pas aux immenses haciendas mécanisées). On voit souvent des paysans fignoler amoureusement les petits carrés de fruits ou de légumes, à moins qu’il ne s’agisse d’un carré de rizière.

C’est aussi et enfin le pays du thé. Malheureusement ce petit voyage est trop bref pour aller flâner dans tous les recoins, mais qui dit thé dit Yunnan. C’est de la région de Pu’er que vient le fameux pu’er éponyme, le plus cher et le plus recherché, qui se vend en lourdes galettes séchées-pressées enveloppées d’un papier-cigarette. Plus au sud, on trouve aussi les seules plantations de café de Chine.

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