mardi 24 novembre 2015

Vive le China-green-bashing !



A l’approche du carnaval annoncé sous le nom de COP21, la presse internationale fourbit une fois de plus ses superbes diatribes antichinoises. Les pays occidentaux sont objectivement les principaux coupables : leur production de CO2 par habitant est de loin la plus élevée, et cela en dépit de la désindustrialisation massive qui s’y poursuit. D’un tour de passe-passe, ils parviennent pourtant à faire porter le chapeau à la Chine.


On apprend ainsi que François Hollande doit essayer de « convaincre le premier pays pollueur » de prendre des engagements, ce « cancre du climat », qui vient de rectifier des statistiques massivement sous-évaluées sur sa consommation de charbon... Il faut en revanche faire quelques recherches pour apprendre que la Chine investit massivement dans les énergies renouvelables, qu’elle est désormais de très loin la première productrice d’électricité « propre » (hydro-photo-bio-éolienne), avec 25% du total mondial, le double des Etats-Unis

On en croit à peine ses yeux lorsqu’on découvre que, malgré une croissance soutenue de sa production industrielle, la Chine a déjà vu ses émissions de CO2 se stabiliser, voire décliner depuis deux ans... il est vrai en raison d’hivers doux. Ou qu’elle est en piste au moins depuis la conférence de Copenhague en 2009 pour les objectifs 2020 et 2030 que François Hollande fait semblant d’arracher de haute lutte...

C’est curieux et drôle à la fois : le smog pékinois ne cesse de faire la une des journaux, la presse s’affole avec une belle constance, les photos de rues pékinoises embrumées font en permanence le tour du monde... Des affirmations ridicules par leur catastrophisme, comme cette annonce selon laquelle l’air de Pékin contiendrait 1300 types de virus ; jamais en retard, le bizness saute sur l’occasion, le Monde en rajoute une couche dans le misérabilisme... On est tout surpris de ne trouver aucune ville chinoise dans le top 15 de l’OMS, on se frotte les yeux de trouver Pékin à la... 77ème place mondiale ! Et loin, très loin, de la première place en Chine... 

A toute chose, malheur est bon : cette couverture médiatique a l’heur de pousser le gouvernement chinois à l’action. Régulation du trafic routier, fermeture d’usines, reforestation massive de la Mongolie intérieure... Même s’il est difficile d’accuser le gouvernement (les pm2,5 se composent du ciment des milliers de projets de construction en cours, plus les échappements de quelques 4 millions de voitures, plus la poussière du désert de Gobi...), c’est lui qui agit.


Pour ridicule et exagéré qu'il soit, le China-bashing produit des effets positifs... d’abord sur l’Occident assailli de doutes après 40 ans de « crise économique » ininterrompue. On sent un besoin de se bercer d’illusions sur le collapsus imminent, inéluctable, de la Chine, dont la bulle spéculative en pleine surchauffe ne pourra qu’éclater catastrophiquement d’un instant à l’autre... Il faut savoir que le gouvernement mais aussi les citoyens chinois sont hypersensibles à toutes ces critiques qui assaillent le pays. C’est toujours étonnant de constater ici à quel point les mérites du pays semblent à la fois immenses et incontestables à chacun...

La critique tous azimuts n’est pas toujours très objective ... mais elle a un effet bénéfique sur la Chine. Redresser l'image du pays auprès des Occidentaux qui la flétrissent infatigablement, telle semble être la première priorité des autorités chinoises...

Gouvernement et citoyens partagent à un degré rarement vu ailleurs cette urgence de projeter une image favorable à l’étranger. Les consignes gouvernementales sur le comportement exemplaire attendu des personnes se trouvant à l’étranger ne provoque pas le moindre sourire ironique ; le mini-scandale du touriste chinois surpris en train de graffiter une pyramide en Egypte avait soulevé l’indignation des internautes chinois dont un grand nombre avaient appelé de leurs vœux une sanction exemplaire du contrevenant... 

De même sur les questions d’environnement et de climat. Le gouvernement chinois a une telle soif de présenter des indicateurs exemplaires au reste du monde, que l’effort de modernisation engagé est littéralement surhumain. Reforestation, investissements massifs dans les énergies « propres », année après année, et on peut espérer respirer bientôt, à Pékin, à Shanghai et ailleurs, l’équivalent de l’air des alpages suisses !

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